Dans la période contemporaine, lÉtat se trouve à nouveau au centre des débats, ainsi quen témoignent les travaux récents réalisés sous légide du Conseil dÉtat (Où va lÉtat ?, de 2015 et, dernièrement, son étude annuelle sur la citoyenneté, de 2018). En raison du lien historique étroit qui sest établi en France entre lédification de lÉtat et la constitution de la nation, il apparaît particulièrement utile danalyser les doctrines politiques qui ont recherché les fondements de la relation entre état et société.
Dans cette démarche, il sagit donc de suivre les jalons que représentent les doctrines politiques majeures, afin de faire émerger les fondements sur lesquels les différentes théories furent édifiées depuis lapparition explicite du vocable « État », cest-à-dire le début du XVIe siècle. Cest dans cette logique que prévaut le concept dÉtat moderne.
Surgit alors la difficulté de définir le terme de la période considérée. Vient à lesprit dabord la séquence historique classique retenue par les historiens, qui sachève en 1789 avec la Révolution française. Toutefois B. de Jouvenel préférait considérer lavènement du Consulat, avec la mise en place dun système administratif centralisé. Pourtant, comme les trois-quarts du XXIe siècle sont à la recherche dun équilibre, la Révolution étant considérée comme inachevée, il paraît opportun de repousser cette limite après la stabilisation opérée sous la IIIe République, finalement en 1914, qui représente la rupture véritable. Dès lors, trois fondements nous apparaissent comme déterminants dans la définition des rapports entre lÉtat et la société, la souveraineté, la liberté et légalité. Chaque fois, lÉtat est appelé à jouer un rôle de pacification des rapports sociaux dans des contextes où la violence est souvent présente, notamment par sa capacité à définir des compromis permettant dintégrer les demandes sociales essentielles.