La préférence locale est une question sensible. Elle fascine ceux qui la revendiquent. Elle crispe ceux qui la rejettent. Dans lordre juridique français, cette mesure de faveur sassimile à une discrimination positive porteuse dun différentialisme territorial. En un sens, la préférence locale serait contraire aux principes fondateurs de la République au premier rang desquels se trouvent les principes dégalité et dindivisibilité. La thèse sinscrit en rupture de ces prémisses. Elle défend lidée selon laquelle la préférence locale ne sinscrit pas toujours en rupture des principes républicains. Il sagit dun phénomène juridique où convergent les limites respectives des principes dégalité et dindivisibilité de la République.
Pour ce faire, il convenait, en premier lieu, de stabiliser la notion de préférence locale en identifiant ces caractéristiques particulières. Aussi, comme toute discrimination positive, la préférence locale poursuit des fonctions tantôt légitimes, tantôt subversives. Au titre, des bénéficiaires, la préférence locale révèle une catégorie démotique singulière : le local. La préférence locale est, en conséquence, moins quune préférence ethnique, mais plus quune préférence territoriale. Il convenait, en second lieu, didentifier les régimes dintégration applicables à la mesure différentielle fondés sur des habilitations constitutionnelles positives et négatives dans ces deux dimensions : le droit de préférence locale et le droit à la préférence locale. Le bon grain de livraie séparé, la thèse invite à repenser la place de lhomme situé territorialement dans le jardin universaliste à la française.