Figure méconnue du XIXe siècle, Charlemagne-Émile de Maupas a trop souvent été réduit par l'historiographie à son rôle de préfet de police de Paris dans le coup d'État du 2 décembre 1851. Son parcours politico-administratif, d'une variété singulière, méritait pourtant d'être étudié dans sa globalité, a fortiori depuis l'ouverture en 2013 du fonds Maupas des Archives nationales, dont la richesse exceptionnelle près de 30 000 pièces en fait le fonds d'archives privées le plus important sur le Second Empire après le fonds Napoléon.
L'ouvrage que consacre Frantz Laurent à Maupas propose donc la première biographie complète du personnage, depuis les monarchies censitaires jusqu'à la Troisième République, en mettant plus spécifiquement l'accent sur la période du Second Empire qui correspond à l'acmé de sa carrière. Le cas de Maupas présente un intérêt particulier car il permet de s'interroger sur une triple figure élitaire : le haut fonctionnaire, l'homme politique d'envergure nationale et le grand notable local. Tour à tour préfet, préfet de police, ministre de la Police générale, ministre plénipotentiaire à Naples, sénateur, il préside également, durant presque tout le règne de Napoléon III, le conseil général de l'Aube d'où il est originaire et dont il est alors lune des personnalités les plus influentes. Partisan de lunion des droites, attaché au régime monarchique plus qu'à une dynastie en particulier, il doit son ascension fulgurante à son capital familial, à des rencontres et au surgissement de crises. Les revers de sa carrière montrent également combien une trajectoire professionnelle peut être soumise aux changements de régime et aux aléas de la conjoncture.