Éternelle question de tout enseignant : où placer la barre du savoir délivré en fonction du public visé ? Que dois-je dire du métabolisme du calcium à lélève kinésithérapeute ou à létudiant en médecine, à linterne se spécialisant en rhumatologie, au médecin généraliste ou au chirurgien orthopédiste ? Jusquoù descendre dans le détail pour ceux-ci, comment épurer lessentiel pour ceux-là ? La réponse apportée varie selon les enseignants ; surtout, certaines formations bénéficiant dune longue tradition ont su répondre au fil du temps, au moins pragmatiquement, à la question posée.
Mais quarante ans denseignement mont appris que ce nest pas si simple, que les connaissances se chevauchent, que ce qui est essentiel pour comprendre la biomécanique de base dun os na que peu à voir avec le métabolisme de lostéoclaste, mais que connaître ce même métabolisme est indispensable pour appréhender la genèse de lostéoporose. De même, cest la sémiologie seule qui me sert pour diagnostiquer une polyarthrite rhumatoïde et non limmunologie, mais si je veux comprendre et maintenant traiter ce rhumatisme inflammatoire chronique, cest pourtant elle qui mest nécessaire.
Et si la question était mal posée ? Puis-je « raisonnablement » utiliser le savoir de la littérature scientifique, mâtiné de lexpérience pédagogique et dune pincée de bon sens pour donner un aperçu global de lappareil locomoteur, de sa physiologie, de sa sémiologie, de ses diagnostics et de ses traitements sans être indigeste et illisible, ni simplificateur et réducteur ?
Si oui, la question de la cible de ce livre ne se pose plus : tous ceux concernés par lappareil locomoteur, le système ostéo-articulaire ou lappareil musculo-squelettique, sont ici invités. Il ne sagit ni dun traité exhaustif de rhumatologie ni dun cahier utilitaire de préparation à un quelconque concours. La logique veut présider à sa composition, lemboîtement des connaissances faciliter son apprentissage, le découpage en grands chapitres de physiologie, sémiologie et pathologies le rendre utile, car opératoire.
Reste la thérapeutique. De tous ces chapitres, cest celui qui sera le plus vite périmé. Je le souhaite : cela voudra dire que nous avons progressé pour le plus grand bien de nos malades.
On ne trouvera pas ici de données concernant les thérapies manuelles proprement dites, mais on ne peut comprendre et pratiquer ces techniques sans une bonne connaissance de chapitres entiers de la rhumatologie.