Durant près de deux siècles, les bonnes murs ont exercé un contrôle subtil sur les choix individuels en imposant un certain modèle de comportement. Elles furent cependant progressivement délaissées par la Cour de cassation au nom dun nouvel impératif de neutralité guidant désormais le droit de la famille. Symbole dune contrainte morale ressentie comme autoritaire et illégitime, les bonnes murs ne pouvaient correspondre à la montée en puissance de léthique. Ainsi, à la conception dun droit-modèle succéda celle dun droit-principe dont la dignité humaine constitue la première manifestation. Consacrée en 1994 par le Conseil constitutionnel, la dignité humaine semblait pouvoir sopposer au risque dinstrumentalisation de lhomme quont fait naître les innovations techniques dans le domaine biomédical. Malheureusement, elle est demeurée insaisissable, aucun consensus nayant été dégagé autour de sa définition. Il est alors par trop aisé de confondre ce principe avec le sens quil revêt dans le langage courant, plus subjectif, et qui permet à lindividu dimposer sa propre conception de la dignité. Privée de sa dimension transcendante, la dignité humaine noppose alors quune faible résistance à lavènement de lautonomie personnelle.
Construite en porte-à-faux par la Cour européenne des droits de lhomme, lautonomie personnelle offre à lindividu la possibilité de déterminer lui-même les règles auxquelles il se soumet et impose la liberté comme dogme du droit des personnes.